Recensions et extraits de presse

Nous rassemblons ici quelques critiques du livre parues dans les médias.

Judaïques FM (20 octobre 2009, 8 h 45)

Le billet d'Antoine Spire présente l'ouvrage avant la rencontre au Medem le même jour :

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Information Juive (n° 290, mai 2009)

Dans les année 1980 on demande aux enfants de Françoise Milewski alors en cours élémentaire de reconstituer l'arbre généalogique de leur famille. Pour répondre à leurs questionnements l'auteur va interroger son père et tout noter dans un cahier d'écolier. Quels membres composaient sa famille originaire de Pologne pour ses deux parents ? Lesquels ont survécu et dans quels pays ? Lesquels se sont éteints de « mort naturelle » ? Ont disparu dans la fumée des camps ou par balles ?

Au fil du temps ces questions deviennent de plus en plus obsédantes. Elle veut savoir, comprendre, sortir les siens de l'oubli et transmettre leur mémoire. La tâche va se révéler immense car elle a choisi de retrouver la trace d'un très grand nombre de personnes. Du côté de sa mère Mirla Ryfman originaire du shtetl de Miedzeszyn, ils étaient dix frères et soeurs dont seulement deux, émigrés en France avant la guerre, ont survécu. Du côté de son père, Mendel Milewski, de six frères et soeurs, quatre ont survécu, en France, en Pologne et/ou en URSS. Il faut encore ajouter les conjoints, cousins et grands-­parents. Elle effectuera son premier voyage en Pologne en 2000, un voyage qui sera suivi de bien d'autres. Munie d'anciennes photos de famille, elle interroge avec désespoir mais en vain sur leurs anciens lieux de résidence. Elle va alors consulter les archives de Yad Vashem, et les listes des états civils des mairies des shtetls polonais. Tenace et obstinée, peu à peu, au fil des ans, des voyages et des recherches, l'historique familial va pouvoir se reconstituer.

C'est ce très beau travail dédié au devoir de Mémoire que l'ouvrage, préfacé par Théo Klein, va décrire.

Conseil représentatif des institutions juives de France (16 juin 2009)

Il fallait s’y attendre. Le succès mérité remporté par l’ouvrage remarquable de Daniel Mendelssohn, « Les disparus » (1) a fait naître des émules et conduit d’autres descendants de ces hommes et de ces femmes, morts sans sépultures, victimes de l’ignominie nazie, à partir à la recherche de leurs racines, patiemment, recueillant religieusement la moindre bribe d’information, le moindre document administratif, la moindre relique, des photographies jaunies et des bouts de papiers froissés, afin de reconstituer sous forme de puzzle, la trame émouvante de ce qui fut la vie de leurs ancêtres. Telle a été la démarche salutaire et nécessaire de Françoise Milewski.

« La responsabilité de perpétuer le souvenir d’un monde disparu est écrasante », reconnaît l’auteure qui raconte que le déclic lui a été donné, dans les années 80 lorsque son fils, Nicolas, a été amené, dans un cadre scolaire, à dresser un arbre généalogique de sa famille. C’est là que l’on se rend compte, bien que l’atelier des parents constitue à la fois le lieu de transmission orale du passé que celui de la confection d’imperméables, dans les familles originaires de l’Europe de l’Est, souvent décimées par la Shoah, il y a des trous, des vides, des prénoms qu’on a oubliés, des personnages sur lesquels on dispose de très peu d’éléments.

Lorsqu’elle se lance dans ses premières recherches, Françoise Milewski sait que côté de sa mère, ils étaient dix frères et sœurs, que seuls deux d’entre eux ont survécu, émigrés en France avant la Guerre. Du côté de son père, ils étaient six. Quatre ont survécu, en France, comme son père, en Pologne pour un autre et en URSS pour les deux derniers.

Pour en savoir plus, la première piste qui vient à l’esprit de chacun, c’est Yad Vachem. Hélas, dans le cas de Françoise Milewski, cela ne lui apportera pas les renseignements espérés. En 1989, elle se lance et, à l’occasion d’un voyage professionnel, la voilà à Varsovie, visitant l’Institut Historique Juif. Puis, ce sont les petits villages juifs, les shtetlekh, tel Miedzeszyn où vécurent sa mère, Mirla Ryfman et sa famille. Dès lors, des portes s’ouvrent car « le « fonctionnaire de la religion non-chrétienne » avait enregistré le décès de mon grand-père « de la religion de Moïse » ».

Parfois, lorsque les parcours individuels sont trop difficiles à cerner, le reconstitution de destinés collectives de villages comme Zelechow, Miedzeszyn, Yablonna, Otwock, la « Petite Palestine », se révèlent riches en enseignements. Dans cette quête sans fin, les livres du souvenir, les yizker-biher, écrits après la Shoah, en yiddish ou en hébreu par les survivants de chaque village, se révèlent particulièrement précieux. Toutefois, l’auteure, qui reconnaît ne pas être historienne et que le document n’est pas toujours preuve, sait que « vraies découvertes et fausses pistes s’entrecroisent, comme toujours ». Elle se donne une mission raisonnable : construire une « vérité » à partir du vraisemblable. Et c’est ainsi qu’elle a pu, patiemment, retracer l’histoire de dix-huit familles, en partant des grands-parents, celle des Milewski et celle des Ryfman. Au bout de cette véritable enquête de terrain, on peut se demander, dit Françoise Milewski : « Qu’est-ce qui est le plus important : apprendre par les descendants que Yenkel, l’arrière grand-père, aimait les cornichons au point d’en boire le jus ? Ou de découvrir que Benyamin, le grand-père, a quitté Hambourg le 10 juillet 1910, voyagé sur le Cleveland en troisième classe et atteint New York le 17 ? » pour conclure : « je n’oserai jamais apporter une réponse à cette question… »

De toute façon, « il y a des faits dont on ne saura jamais rien. Il y a des faits qu’on peut espérer apprendre et d’autres dont on ne pourra jamais rien savoir ». Face à cette difficulté, Françoise Milewski donne parfois l’impression d’une certaine déception, d’une forme d’échec. Elle se trompe car son travail nécessaire a été salutaire . En effet, l’essentiel n’est-il pas, comme elle le dit si bien, par ailleurs : Ikh gedenk fin yedn eïnem fin zaï, vus kh’hob zaï nisht gekent, ober vus hobn gelebt ( Je me souviens de chacun d’eux, que je n’ai pas connus, mais qui ont existé).

De nombreuses photographies, des cartes géographiques et deux arbres généalogiques des familles Milewski et Ryfman complètent cet ouvrage très émouvant et très intéressant. Un document.

(1) Voir notre recension du 24-10-2007. Cet ouvrage ne figure pas cependant dans l’abondante bibliographie proposée par l’auteure. Comme quoi, seules les montagnes ne se rencontrent pas.

Jean-Pierre Allali

(article disponible en ligne sur le site du CRIF)

Regards (n° 687, mai 2009)

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Faire parler les images

Inspiré de la tradition des Livres du Souvenir écrits après la Shoah par les survivants, l’ouvrage de Françoise Milewski nous évoque l’histoire d’une famille juive polonaise, originaire de bourgades juives des environs de Varsovie dont la majorité des habitants furent exterminés par les nazis à Treblinka en 1942. L’auteur ne sait presque rien de ces parents disparus, ni de la vie qu’ils menaient avant la Shoah au shtetl. Mais à travers la chronique des étapes de son travail de mémoire, à la recherche des traces de son passé qu’elle assemble peu à peu comme les pièces d’un puzzle, elle nous décrit toute sa démarche, les difficultés rencontrées dans ses voyages en Pologne, ou lors de ses visites dans les centres d’archives (Yad Vashem, Paris, etc.). Elle évoque aussi l’examen minutieux de toutes ces photos de famille, rescapées de la Shoah ou le plus souvent été assassinés. Des images qu’il est très difficile de faire parler en l’absence de témoignages ou de textes. Ainsi, pas à pas, c’est toute une mémoire de la vie au shtetl et de l’immigration en France que nous évoque ce Livre du Souvenir dont l’auteur n’a « rien vécu ou presque de ce qu’elle a à transmettre ». Un magnifique travail de mémoire associé à un site web (www.unlivredusouvenir.fr) qui décrit les méthodes de recherche, multiplie les repères historiques permettant de situer les histoires familiales dans le « grand récit » de l’Histoire (avant et après la guerre) et présente les documents utilisés par Françoise Milewski dans son enquête familiale.

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Roland Baumann

Regards est la revue du Centre communautaire laïc juif de Belgique (CCLJ).

Les Clionautes (3 mai 2009)

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Le fil conducteur de cet ouvrage est l’histoire familiale de cet auteur, qui n’a pas connu les événements de cette période. On peut lire ce livre comme le journal d’une enquête, et donc comme un livre d’histoire sur les shtetlekh, ces bourgades de Pologne où vivaient les juifs d’Europe centrale. Isaac Bashevis Singer (né en 1904 et émigré aux Etats-Unis en 1935) en a retracé l’histoire dans plusieurs de ces ouvrages.

Françoise Milewski, à la suite de la demande d’un instituteur d’un de ses enfants s’est engagée dans cette quête. Les archives polonaises de ces shtetlekh sont largement dispersées, souvent écrites en Russe puisque une partie de la Pologne d’avant la première guerre mondiale était sous la domination de l’Empire des Tsars tandis que les deux autres parties étaient sous domination autrichienne ou allemande depuis le partage de la Pologne réalisé à la fin du XVIIIe siècle.

L'enquête

On parcourt donc les archives municipales de ces villages, et l’on se heurte parfois avec l’auteur aux réticences d’employés municipaux souvent peu coopératifs. La première question posée, « c’est pour l’état civil juif ou catholique que vous venez ? », en dit long sur la perception de cette histoire par des pans entiers de la société polonaise post-communiste.

On s’attachera dans cette présentation à évoquer le troisième chapitre de cet histoire passionnante consacrée au shtetl, shtetlekh au pluriel. Dans ces bourgades de la Pologne russe, les juifs deviennent majoritaires parfois, du fait de l’impact de la révolution industrielle qui, en ruinant les activités artisanales, a conduit ces populations à se regrouper sur des bases communautaires. À la fin du XIXe siècle, une législation clairement antisémite, interdisant aux juifs de posséder la terre, les a conduit à se rapprocher des bourgs, près des grandes villes. Le shtetl, est marqué par les règles de la vie religieuse, avec le hassidisme dominant. Ce mouvement fondé au siècle précédent par le Rabbin Ben Eliézer est centré sur une relation directe avec Dieu. Il peut être considéré comme la représentation d’un judaïsme populaire. Ce judaïsme d’Europe centrale a été traversé par de nombreux débats. Au hassidisme, traduisant un repli communautaire, s’est opposé la Haskala, un mouvement ouvert, issu du mouvement des Lumières et favorable à une sécularisation de la société juive. La première guerre mondiale à ses débuts a constitué un temps fort de l’antisémistisme d’État. Par contre l’occupation allemande de la Pologne après la défaite russe de Tannenberg en 1915 a largement contribué à rétablir pour un temps, les droits de la communauté, remis en causes systématiquement depuis la fin du XIXe siècle. Dans ce chapitre, le lecteur trouvera une bonne synthèse de l’histoire des partages successifs de la Pologne entre ses différents maitres.

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Bruno Modica

(lire le reste de la critique sur le site des Clionautes)

L'Express (15 janvier 2009)

« Françoise Milewski - Au nom de tous les siens

Un jour, Françoise Milewski s'est aperçue qu'il lui était impossible de citer les prénoms de ses oncles et tantes, qu'elle ne connaissait que leur nombre : dix du côté de sa mère, six du côté de son père... Aussi la fille de Mendel Milewski et de Mirla Ryfman, née à Paris en 1947, a-t-elle décidé d'enquêter sur sa famille doublement polonaise. Une entreprise colossale - dix ans de recherches - qui l'a menée de Jérusalem à Varsovie en passant par New York et les shtetlekh (bourgades juives) de ses ancêtres. Le résultat est édifiant : un kaléidoscope d'itinéraires extraordinaires, qui retrace l'épopée des quelques rares survivants (deux chez les Ryfman, quatre pour les Milewski) et, surtout, l'effroyable épreuve subie par les nombreux déportés, du ghetto aux camps. Au terme de sa quête, l'auteur, économiste de profession, nous livre un ouvrage passionnant, digne des Disparus de Daniel Mendelsohn, et, outil précieux pour les familles à la recherche de leurs racines, un site Internet hautement didactique. Tout y est : le détail de ses enquêtes généalogiques, photos et croquis à l'appui - et, à travers elles, l'histoire d'un peuple ballotté dans l'Europe entière - mais aussi la méthodologie employée, dûment étayée par les adresses électroniques de tous les centres d'archives utiles. Un véritable travail d'historienne. »

Marianne Payot

(article disponible en ligne sur le site de l'Express)

Collectif Vigilance arménienne contre le négationnisme (23 février 2009)

« Françoise Milewski est originaire d'une famille juive polonaise quasi-anéantie dans les camps d'extermination durant la Seconde Guerre mondiale. Dans les années 1980, la question identitaire se pose à elle par l'intermédiaire de ses enfants, ne pouvant pas réaliser un arbre généalogique complet à l'école. Aussi, elle alla interroger son père et nota tout dans un cahier. Quelques années plus tard, elle décida d'entreprendre des recherches sur sa famille, l'amenant également à une recherche historique sur le quotidien de ses ancêtres, dans les shtetlekh, bourgades juives d'avant-guerre en Pologne.

Et, de cette expérience, elle en a fait un livre : durant tout l'ouvrage, nous suivons ses pérégrinations dans les archives allemandes, israéliennes, françaises, américaines, etc. Outre la description d'une méthodologie, nous sommes touchés par son écriture. Elle parvient à restituer l'atmosphère des shtetlekh, nous suivons avec attention l'histoire de ses parents morts ou survivants, et leur itinéraire à travers le monde.

Le dernier chapitre est essentiel sur la transmission de cette mémoire. Nous voyons le cheminement de l'auteur. Au départ, cela ne devait être qu'un mémoire familiale, qui devint un livre édité à compte d'auteur pour ses proches. Et ce « livre », comme elle le dit, obtint le prix « mémoire de la Shoah » (prix attribué par la Fondation Jacob Buchman sous l'égide de la Fondation du judaïsme français). Aussi, elle ressentit la nécessité d'éditer cet ouvrage afin de partager son parcours et ses recherches aux personnes ayant des cas similaires.

Cette expérience s'accompagne également d'un site Web présentant la méthodologie et les ressources disponibles, ce qui en fait déjà le site le plus complet sur la question. Une très belle initiative et un témoignage indispensable pour les générations futures. »

(Article accessible sur le site du Collectif VAN)

Actualité Juive (n° 1061 - 5 mars 2009)

« À l'instar de Daniel Mendelsohn, l'auteur des "Disparus", Fran­çoise Milewski est partie à la recherche de sa famille origi­naire de plusieurs petits vil­lages près de Varsovie. La plupart de ses membres ont été anéantis durant la Shoah. D'autres avaient émigré avant la guerre. Certains d'entre eux furent parfois rattrapés par les nazis et disparurent à leur tour.

Économiste à Sciences Po', Françoise Milewski avait ob­tenu le prix Mémoire de la Shoah 2005, en présentant plusieurs albums fort docu­mentés sur la base de nom­breuses photographies de famille, de lettres et de divers papiers officiels ou non. Mais elle n'en est pas restée là. Elle a voulu en faire un livre. Alors, elle s'est livrée à une enquête systématique sur le sort des deux branches de sa famille, les Milewski et les Ryfman, soit plus de quatre-vingts hommes, femmes et enfants, qu'ils aient été massacrés par les nazis et leurs collaborateurs locaux ou qu'ils aient survécu à la catastrophe.

Avec ce "Yisker Bukh", ce livre du souvenir, Françoise Milewski perpétue la mémoire et transmet à ses enfants et ses petits-enfants, des fragments de vie, des reconstitutions par bribes sur les destins croisés des uns et des autres, une recherche exhaustive des moindres documents dans les archives polonaises, françaises, allemandes, israéliennes et américaines. Elle interroge des rescapés, des témoins, elle visite ces shtetle'h désormais "judenrein", Falenica, Yablonna, Zelechow, Miedzeszyn, des lieux pleins de vie et d'espoir, devenus ghettoïsés puis dont les habitants furent tués sur place ou déportés à Treblinka.

Un fil conducteur noue et dénoue l'enchevêtrement des itinéraires dans cette Pologne à la fois aimée, crainte et détestée, trop longtemps sourde et aveugle. Au-delà des inscriptions sur les pierres tombales à Bagneux, ces disparus demeurent des êtres vivants. Pour toujours, "Oyf eybik". Ils vivent et revivent grâce à Françoise Milewski. Merci Françoise ! »

Henri Minczeles

Sciences Humaines (n° 203 - avril 2009)

« Un livre du souvenir. À la recherche d'une famille juive décimée en Pologne.

Sur les 150 000 Juifs vivant à Paris dans les années 1930, 90 000 venaient de l'Est, pour une grande part des Russes, des Polonais, des Hongrois, des Lituaniens, des Roumains… Les familles maternelle et paternelle de Françoise Milewski, originaires de shtetls polonais, étaient de ceux-là. Mais comment reconstituer une histoire familiale quand l'histoire a balayé toute trace de tant de vies  ? Pourtant, nombreux sont ceux qui, dans les générations nées juste après-guerre, ressentent l'impérieuse nécessité de cette reconstitution, comme dans ce Livre du souvenir : pour eux-mêmes autant que dans un but de transmission aux générations suivantes. Nombreux aussi sont ceux qui, contre toute vraisemblance, ont gardé dans un coin de leur tête « cet espoir fou qu'un miracle se produise et qu'un survivant réapparaisse ». L'ouvrage de F. Milewski ne se substitue ni au témoignage direct, ni au travail de l'historien, ni à la fiction du roman, comme elle le précise elle-même. Il s'agit d'une sorte de voyage dans le temps et dans l'espace à la recherche de noms, de prénoms, d'actes d'état civil, de maisons, de lieux de vie, de pierres tombales, d'ambiances. De témoignages matériels de toutes ces vies qui l'ont précédée et qui furent brutalement anéanties, effacées de la petite comme de la grande histoire. Il a fallu plusieurs années à l'auteure et de la persévérance pour redonner, petit à petit, une identité aux membres de sa famille, du moins à une part d'entre eux. Car, souligne-t-elle, sur ceux qui ont été assassinés en Pologne, elle n'a pu glaner que quelques bribes. Par le travail d'investigation réalisé et la documentation réunie, complétée par celle publiée sur un site internet (www.unlivredusouvenir.fr), ce livre va bien au-delà du seul récit d'une généalogie individuelle. »

Dominique Chouchan

(article disponible en ligne sur le site de Sciences Humaines)

Le Quotidien du médecin (n° 8541 - 31 mars 2009)

« Deux ouvrages liés à l'hitlérisme. Toujours la bête immonde.

Une recherche familiale sur la trace des shtetls de Pologne qui ont disparu et une évocation de jeunes résistants au nazisme. Deux livres qui vous étreignent dans des contextes certes différents mais propres à susciter les mêmes émotions : le chagrin et la pitié.

 

Comme le dit fort bien Théo Klein dans sa préface, les juifs ont de génération en génération transmis une sorte d'art de vivre, d'histoire et de culture. C'est dans les petites agglomérations de Pologne que ce climat particulier a pu se déployer, un Yiddishland sécrétant une Yiddishkeit, mot difficile à traduire, tissé de leçon de Talmud mais aussi de laïcité. Et Théo Klein ajoute : « C'est ce lien que la Shoah a brisé et qu'il faut reconstruire. »

… Et que Françoise Milewski, qui est économiste, a tenté de ressaisir. D'abord de manière personnelle. Si ses parents ont survécu, l'horreur nazie a décimé sa famille, ses grands-parents et un nombre effarant d'oncles, de tantes et de cousins. Ensuite en s'imprégnant malgré elle de ce monde disparu. Voici le point de départ d'une quête clairement exprimée : « Qui étaient les membres de ma famille ? Quel fut leur sort ? Quels furent leurs itinéraires ? Au fil des ans, l'idée m'était devenue intolérable de ne savoir ni qui ils étaient ni où exactement, quand et comment ils ont été exterminés. » Ceci va l'entraîner dans de nombreux voyages à Jérusalem (Yad Vashem), bien sûr, mais surtout sur la trace de ces shtetls de Pologne qui n'existent plus sur aucune carte.

 

Ce que montre le livre, ce sont d'incessantes recherches auprès de mairies, ou d'autorités polonaises pas véritablement bienveillantes. Souvent on l'éconduit en la présentant à une personne âgée qui se souvient un peu de quand les juifs étaient là (difficile de ne pas penser à certaines scènes du « Shoah » de Claude Lanzmann quant à l'attitude polonaise).

Longtemps on voit l'auteure sur la trace des disparus de la branche maternelle, les Ryfman. Il faut donc retrouver leur trajet d'un shtetl à l'autre, ici de Zelechow à Miedzeszyn : consultations d'actes de naissance, de décès, forment l'essentiel de recherches harassantes. Dans le cas des actes de décès s'impose la monotonie de l'horreur : les bourgades sont devenues ghettos, les nazis ont systématiquement liquidé toutes les communautés juives de cette région. Une partie a été expédiée à Treblinka.

À la fin de son ouvrage, Françoise Milewski estime avoir échoué pour ce qui est de la mémoire de la Shoah, même si elle a pu retrouver le parcours compliqué du grand-père Benyamin Milewski, revenu en Pologne après une émigration ratée aux États-Unis.

N'aurait-elle pas pourtant totalement réussi, contrairement à ce qu'elle dit, en retrouvant une mémoire du shtetl, celle des lieux hantés par ces morts sans sépulture ?

 

Ados en lutte. « Restons en Allemagne », comme aurait dit un génial présentateur du 20 heures. Car le livre de Roger Faligot, scrutateur aigu de l'histoire de la Résistance, a claqué son titre sur deux bandes d'ados qui combattaient le nazisme. Ces ados-là ne tenaient aucun mur et, s'ils jetaient des pierres, c'était surtout sur les protégés du régime, la Hitler Jugend qui se rassemblait aux cris de « Guerre éternelle à l'ennemi juif ». « Les pirates de l'Edelweiss » ne sont pas très connus, mais leur petit groupe refuse l'embrigadement et le racisme du régime, tout comme les oiseaux migrateurs, les Wandervögel.

L'Histoire a privilégié « la Rose blanche », le plus romanesque groupement de Hans et Sophie Scholl, frère et sœur exécutés le 22 février 1943.

Transport de courrier, actions de renseignement, on retrouve les mêmes discrets exploits en France, où le régime pétainiste a vu lui aussi très vite la nécessité de mettre la main sur la jeunesse. Mais la pittoresque petite « bande du Boul'Mich » envoie des informations à Londres.

Ils sont jeunes, on ne se méfie pas d'eux. Telle cette aguichante jeune fille qui traverse en vélo un groupe de soldats allemands rigolards. Elle a le courrier d'un groupe de résistants sous sa jupe. »

André Masse-Stamberger

Tenou'a, la revue du Mouvement juif libéral de France (n° 137, avril-mai 2009)

Un album de famille

Françoise Milewski, économiste reconnue, appartenant à deux des plus grands instituts français, vient de réaliser une œuvre d’historienne. Originaire d’une famille juive polonaise quasiment disparue dans les camps, elle s’est heurtée, toute jeune comme tant d’autres, à l’impossibilité de faire le tour de sa nombreuse famille, de mettre un nom et une histoire sur sa parenté, ne serait-ce que sur ses oncles et tantes et ses grands-parents.

À partir des réponses de ses propres parents et de quelques photos retrouvées, elle a entrepris une véritable recherche qui restitue notamment l’histoire des Milewski et des Ryfman. Elle ne peut remonter plus haut qu’aux environs de 1870 et pour l’essentiel, elle restitue les « éclats de vie » de la génération disparue entre 1940 et 1945 : c’est le plus souvent le cas pour les recherches sur les familles décimées dans une Pologne qui fut, pour partie et pour un temps, russe et où les papiers officiels, surtout pour les Juifs, ont été détruits à jamais ou largement dispersés.

Cette volonté de transmettre l’histoire familiale de la première génération de la Shoah à la troisième, celle de ses enfants, redonne une identité concrète et un vécu personnel à toutes ces victimes et les sauve ainsi de l’anonymat de l’anéantissement de ceux que les nazis considéraient comme de simples « stucken », de simples « morceaux ». Cette histoire de ses proches, déjà si précieuse en soi, permet à l’auteur de donner tout son arrière-plan et ses soubassements à une Histoire qui s’est souvent trop méfiée des témoignages ou qui a trop négligé de communiquer l’irremplaçable présence du vécu que l’on retrouve dans les archives.

À l’intention  de ceux qui souhaitent se lancer dans de semblables recherches familiales, Françoise Milewski a eu l’heureuse idée d’ouvrir un site (www.unlivredusouvenir.fr) qui décrit les méthodes employées, les repères historiques et constitue un guide pratique et un ensemble de documents iconographiques qui complètent l’abondante illustration du livre.

Jean Leselbaum

Et d'autres…

L'Humanité (28 février 2009)

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