La France avant la guerre
Il s'agit ici de comprendre ce qu'était la situation des immigrés au début de la guerre. Les Juifs furent nombreux à fuir la Pologne dans les années trente : ce sont les années de la plus forte émigration. En France, ils entraient le plus souvent clandestinement, et demeuraient des étrangers, sans papiers, soumis à des contrôles plus ou moins intensifs selon les périodes, au risque de l'expulsion.
Ils ont reproduit les professions du shtetl. Ils se regroupaient en landsmanshaftn par shtetl d'origine, qui constituaient des réseaux de sociabilité et d'entraide. Beaucoup d'entre eux habitaient entre République et Bastille, à Paris, et c'est donc là qu'eurent lieu les premières rafles d'étrangers. Raconter le quotidien et le banal, les lieux, l'inquiétude quand on sonnait à la porte, l'atelier, la confection, ce qui se passait tous les jours n'est pas restituable par des chiffres ou des règlements législatifs. Mais ce quotidien et ce banal résultaient des mesures d'exclusion et de restrictions, qui s'accumulaient ou s'atténuaient selon les périodes et la couleur des gouvernements. Les contrôles étaient plus ou moins intensifs. En 1936, sous le Front populaire, le quotidien était plus gai, car ils étaient suspendus, même si la législation n'avait pas changé. Les autres années, les textes s'accumulaient, voire se contredisaient, et les coups de sonnette dépendaient alors du zèle plus ou moins grand des fonctionnaires, selon les quartiers et les consignes données. Tout cela doit être expliqué pour comprendre les situations individuelles.
Dans cette partie
Elle présente la vie des Juifs polonais émigrés à Paris dans l'entre-deux-guerres.
On y trouve des explications sur les différentes vagues d'immigration en France, sur les quartiers où s'installèrent les émigrants, sur les professions qu'ils y exercèrent, sur les organisations au sein desquelles ils se sont regroupés, sur l'antisémitisme français auquel ils ont été confrontés, ainsi que sur la situation à la veille de la guerre et la politique de naturalisation de la France à ce moment-là.