Le Service international des recherches de la Croix-Rouge
International Tracing Service - Bad Arolsen - www.its-arolsen.org
Un peu d'histoire
Le Service international des recherches (International Tracing Service, ITS) fut créé en 1943 par les Alliés, sous l'égide de la Croix-Rouge britannique. Après la Seconde Guerre mondiale, il a eu pour mission de rechercher les personnes non allemandes disparues ou déportées pendant la guerre, et de réunir des familles dispersées.
En 1947 il obtint la copie des archives du Comité central des Juifs polonais, et compléta ses fiches en retraçant les itinéraires de ceux qui avaient survécu cachés en Pologne et de ceux qui rentraient d'URSS.
Son administration fut installée à Bad Arolsen, en Allemagne, sous l'égide de dix pays, puis sous la responsabilité de Comité international de la Croix-Rouge (CICR).
L'ITS rassemble les documents relatifs aux camps de concentration sur le territoire du Reich, aux Juifs déportés, aux étrangers se trouvant en Allemagne de 1939 à 1945 (en particulier les prisonniers de guerre et les travailleurs civils), aux personnes déplacées après la guerre (dans les camps de personnes déplacées), et aux enfants. Son objectif est de préserver et mettre à disposition toutes les informations relatives aux victimes civiles.
Il possède environ 50 millions de cartes d'informations.
La recherche dans les archives
Lancer une recherche à Bad Arolsen était en général peu productif. Il fallait remplir des questionnaires très détaillés qui posaient des questions sur les événements que l'on cherchait justement à apprendre, les lieux, les dates, etc. Aucune réponse n'avait été apportée à ma demande.
En revanche, la copie de ces archives située à Yad Vashem permet de consulter soi-même les archives et de trouver ce que l'on cherche. Le fichier principal (Master index) disponible à Yad Vashem contient 16 millions de cartes, concernant 7 à 8 millions de personnes. Le classement est alphabétique… aux erreurs orthographiques près.
Par exemple, j'ai pu retrouver les fiches concernant un oncle. Il y a beaucoup de Milewski. Il faut les faire défiler tous pour trouver le bon prénom, en version yiddish, ou polonaise, ou en mélange des deux, en s'assurant qu'il s'agit bien du même grâce au nom des parents et au lieu de naissance. Cela m'a permis de savoir dans quel ghetto il avait été interné en Pologne, et de trouver le nom du camp de travail dans lequel il était prisonnier en Allemagne, donc d'entreprendre des recherches sur ce camp.
J'ai également retrouvé les fiches concernant ceux qui s'étaient réfugiés en URSS et étaient rentrés en Pologne en 19461. Là aussi, il faut naviguer pour faire le lien entre des noms et des prénoms mal orthographiés, ou russifiés. Il faut faire défiler beaucoup de films dont le classement est orthographique.
Voici un exemple de fiche de l'International Tracing Service :
Le travail de fourmi que j'ai effectué pour consulter des fiches au département des archives de Yad Vashem, vérifier les cohérences de noms, etc. ne sera plus nécessaire dans quelques années. En effet, ces fichiers vont être progressivement numérisés.
L'ouverture des archives
La Commission internationale des services de la Croix-Rouge pour retracer l'Histoire a ouvert les archives de Bad Arolsen en mars 2008 pour tous les pays signataires d'un accord international. D'ores et déjà, elle a remis des documents à trois institutions : Yad Vashem à Jérusalem, le Mémorial de l'Holocauste à Washington et l'Institut de la mémoire nationale à Varsovie (voir plus bas). Ce sont des archives considérables, tant pour les familles de victimes que pour les chercheurs. Elles incluent des listes de transports, des ordres de la Gestapo, des registres de camps, etc. Elles sont classées en : fichier central des noms, détenus, travailleurs forcés, camps de personnes déplacées, recherche des enfants. Le fichier central de noms, qui comprend environ 50 millions d'informations, concerne plus de 17,5 millions de personnes. En particulier, des copies des fichiers des camps de personnes déplacées, qui incluent des noms de plus de 3,5 millions de personnes (juives ou non) libérées des camps de concentration nazis et des camps de travail et de ceux des prisonniers de guerre, ont déjà été transmises. Le travail de numérisation et de classement prendra beaucoup de temps.
Évidemment, il ne faut pas oublier le fait que bon nombre d'archives ont été détruites, ou n'ont pas même existé. D'un apport essentiel, la mise à disposition de ces fonds ne pourra donc pas permettre de trouver ce qui n'existe plus.
Par ailleurs, depuis novembre 2007, les archives de Bad Arolsen (ITS) sont ouvertes au public à des fins de recherche. Jusqu'à présent, elles n'étaient consultables directement qu'à Jérusalem et à Washington.
Le site internet de l'ITS à Bad Arolsen apporte désormais beaucoup de précisions sur les archives existantes.
Les sites web de deux des trois institutions dépositaires donnent également de nombreuses informations sur les archives qui leur ont été transmises, leur contenu et les moyens d'y accéder :
- sur le site de Yad Vashem,
- sur le site du Mémorial de Washington.
Les demandes d'informations sur les victimes peuvent être téléchargées ou remplies directement sur les sites respectifs. Mais il n'est pas possible de faire des recherches directement en ligne.
Les organismes précisent que la quantité d'informations étant énorme, même si tous les documents n'ont pas encore été transmis, le travail à réaliser sur ces archives est considérable. Par exemple, les fiches d'information sont exprimées en 25 langues et nombreuses d'entre elles sont manuscrites. La priorité a donc été donnée au développement de la base de données (lecture, enregistrement, etc.), pour la rendre utilisable. Sur place, les archivistes peuvent aider les personnes dans leurs recherches.
L'Institut de la mémoire nationale à Varsovie
L'Institut de la mémoire nationale (IPN) à Varsovie ne donne pas d'informations sur le traitement et l'accessibilité des données qu'il a reçues. Cet institut (Instytut Pamieci Narodowej, Institute of National Remembrance) a été créé en 1998 pour « poursuivre les responsables de crimes contre la nation polonaise », en mettant à la disposition du pouvoir législatif des travaux sur l'histoire polonaise de 1939 à 1989. L'IPN a commencé ses travaux en 2000.