Les archives américaines
Le YIVO
Yidisher Visnshaftlekher Institut, Institut scientifique juif - New York - www.yivoinstitute.org
Le YIVO fut créé à Vilno en 1925. Il donna à la culture yiddish, jusque là considérée comme essentiellement populaire, son statut. Il rassembla des documents d'archives, constitua des bibliothèques et élabora les concepts et la nomenclature du yiddish (entre autres, prononciation et règles de translittération). Durant ses quinze premières années d'existence, le YIVO publia plus de cent volumes d'études et de recherches. Il collecta des milliers de manuscrits, de photos et de documents de tous types. Il organisa des séminaires pour les enseignants. Il deviendra ainsi le centre d'études et d'histoire du yiddish et de la culture juive d'Europe centrale.
En 1941, l'Allemagne envahit Vilno, ferma le YIVO et arrêta ses membres. Une partie des documents fut envoyée en Allemagne, une autre destinée à être détruite. La résistance organisa une « brigade du papier » pour sauver le plus possible de textes, en les cachant dans le ghetto ou chez des non Juifs. Le directeur du YIVO, hors de Pologne lors du déclenchement de la guerre, installa une nouvelle direction du YIVO à New York. Une partie des documents transférés par les nazis en Allemagne fut récupérée en 1947. Le centre fut définitivement installé à New York. Il obtint du gouvernement lituanien, en 1994, l'attribution d'importantes collections retrouvées sur place en 1989 et considérées comme perdues.
Aujourd'hui, le YIVO continue de fonctionner comme un centre de recherches. Il a également unifié l'enseignement du yiddish.
Le YIVO - Center for Jewish History possède des collections considérables : livres, registres et documents, papiers personnels d'écrivains, syndicalistes, rabbins, etc., photographies, films et musiques retracent la vie d'avant-guerre en Europe centrale et orientale. Il détient les archives du Bund. Il possède également une très nombreuse documentation sur la période de la guerre, en particulier les archives des ghettos et des témoignages individuels. Enfin, il a réuni les archives des camps de personnes déplacées après la guerre. Il possède aussi les archives des Landsmanshaftn, les sociétés de secours mutuels qui reliaient les émigrants à leurs villages d'origine avant la guerre, et qui ont continué à fonctionner après la guerre dans la diaspora (voir le repère sur les organisations juives en France avant la guerre).
Ses collections propres se composent de 22 millions de documents d'archives, 350 000 livres, 200 000 photos. Outre ses collections propres, il met aussi à disposition les archives d'autres institutions. C'est donc la principale référence sur tous les aspects de la vie juive, culturelle, sociale et politique.
Le centre de consultation à New York a été ouvert en 2000. Lors de ma visite en mai 2005, la numérisation des documents, y compris des fichiers, était encore peu avancée, et j'ai dû consulter beaucoup de tiroirs de fiches cartonnées, classées par collections et non par thèmes. Mais leur numérisation progresse.
People of A Thousand Towns
Un catalogue de photos est désormais en ligne : il présente 17 000 photos sur la vie juive en Europe centrale et orientale, de la fin du XIXe siècle jusqu’au début des années 1940. Des documents sur les petits shtetlekh, et pas seulement les grandes villes, sont montrés. Les sources sont multiples : documentation propre, journaux, Institut historique juif de Varsovie, etc. Des photos d’Alter Kazyzne, non publiées dans des livres mais dans les journaux des années 1930, sont ainsi accessibles. On peut en obtenir des copies.
Lien : yivo1000towns.cjh.org
Une recherche par localités est alors possible. Par exemple, sont publiées 21 photos de Zelechow, 17 de Nowy Dwor, 14 de Falenitz, 156 de Miedzeszyn (sanatorium Medem).
Les archives
Sur place, la richesse des archives fait qu’il faut y consacrer beaucoup de temps. Cette abondante documentation du YIVO est en partie reproduite dans d’autres centres : Yad Vashem, USHMM, etc. J’ai en particulier consulté les archives des camps de personnes déplacées à Yad Vashem (voir la fiche méthodologique), et celles des Landsmanshaftn au Mémorial de Washington (cf. ci-dessous).
L'USHMM
United States Holocaust Memorial Museum - Washington - www.ushmm.org
L’USHMM est à la fois :
- un musée : ouvert en 1993, ce musée de l’Holocauste présente une exposition permanente et des expositions temporaires. Dans l’exposition permanente, 70 vidéos racontent une histoire personnelle (story telling).
- un centre pédagogique : il combine des éléments historiques, des témoignages, des histoires de vie. Il met en ligne une Encyclopédie Multimédia de la Shoah.
- un centre de recherches : la documentation et les archives sont d’une très grande richesse. Le catalogue des sources est accessible en ligne : la recherche est très simple.
Les documents sont de toutes natures : par exemple, une recherche sur Zelechow renvoie aussi bien au Livre du souvenir (Yizker buh) édité en 1953 qu’à la documentation du théâtre yiddish du Costa Rica, établi par des réfugiés avant guerre et des survivants après guerre.
Mais les documents eux-mêmes ne sont pas accessibles en ligne, sauf s’ils ont été numérisés par d’autres institutions. C’est le cas par exemple des Yizker biher, les Livres du souvenir, dont la version électronique a été effectuée sous l’égide de la New York Public Library, et diffusée sur le site yizkor.nypl.org, avec lequel l’USHMM a établi un lien.
Sur place, la consultation est facile.
Les archives photographiques
Au sein du département des archives, la documentation photographique possède un grand nombre de clichés. Elle met en ligne 17 500 photos. Mais celles-ci ne concernent pas les petits shtetlekh sur lesquels j’ai fait des recherches : seules sont mises en ligne les photos qui sont la « propriété propre » du Mémorial. Sur place, toute la documentation photographique est consultable. Des films et vidéo sont également disponibles.
Le recensement des sources disponibles dans les autres institutions rend le travail de documentation sur place très productif.