Les survivants, de Varsovie à Paris
L'Europe dans ses frontières de 1945.
Les itinéraires :
Les traits pleins correspondent aux déplacement avant et pendant la guerre, les traits en pointillés à ceux après la guerre.
Burech, Mirla et Fishel Ryfman, entre 1931 et 1937, viennent à Paris. Mendel Milewski, le fiancé de Mirla, la rejoint en 1935. À partir de 1942, ils se cachent en région parisienne. Fishel part dans la région d'Abbeville, où il décède de maladie, faute de soins.
Frymeta, Avroum et Bela Milewski, et Avroum Melnik, le mari de Bela, partent en URSS en 1939, après la déclaration de guerre, et séjournent d’abord à Bialystok. Puis ils sont séparés : les Melnik sont envoyés à Arkhangelsk, Frymeta et Avroum Milewski dans l’Oural, après des périples compliqués. Ils se retrouvent vers 1944. Deux enfants sont nés chez les Melnik. Ils rentrent en Pologne en 1946, non dans leur village d’origine à côté de Varsovie, Jablonna, mais dans des centres communautaires à l’Ouest de la Pologne, en Haute-Silésie, près de la frontière tchécoslovaque, dans des territoires récupérés par la Pologne sur l’Allemagne. Puis ils quittent la Pologne et vont en Autriche à Salzbourg, dans un camp pour personnes déplacées. Ils rejoignent Paris séparément en 1947 et 1948.
Motel Milewski passe la guerre en Pologne. Il est interné dans le ghetto de Milosna, près de Varsovie, dont il réussit à s’échapper. Il se cache dans la forêt. Il est capturé en 1944 et envoyé dans un camp de prisonniers en Allemagne, près de Stuttgart. Libéré en 1945, il part en Italie dans un camp pour personnes déplacées, à Santa Cesarea, au Sud du pays. Il rejoint Paris en 1947.
Une famille décimée
Tous les autres ont péri en Pologne. Aucun des Ryfman n’a survécu en Pologne : sur les dix enfants de Yenkel et Shosha Ryfman, sept, ainsi que leurs familles pour les trois aînés, ont été exterminés, comme Shosha. Des six enfants de Benyamin et Frymeta Milewski, deux ont péri en Pologne, avec leurs familles ; Benyamin a également été tué.
Tous les survivants se sont regroupés à Paris. Ils parviendront difficilement à entrer en France, où pourtant ils sont accueillis. Ils entreront séparément, clandestinement pour plusieurs d'entre eux, via les montagnes suisses à pied pour la grand-mère Frymeta Milewski, en passant par Nice pour son fils Motel Milewski - bien que les frontières soient fermées aux étrangers et déportés, qui couraient ainsi le risque d'être refoulés, voire emprisonnés -, en sautant d'un train Mulhouse-Marseille pour son gendre Avroum Melnik, légalement avec un faux certificat de travail de bonne pour sa fille Bela Melnik et les enfants, on ne sait plus comment pour Avroum Milewski ; tous entre 1947 et 1948.