Après la guerre
Des pogroms ont eu lieu en Pologne avant, pendant et même après la guerre. Après la Shoah, l'antisémitisme a persisté et conduit à de multiples exactions. Les trains étaient attaqués, les Juifs violentés. À l'Ouest de la Pologne, dans les régions reprises à l'Allemagne, la Communauté avait installé des centres d'hébergement. Mais là aussi il y eut des tensions. Les pogroms se sont multipliés en 1945 et 1946 dans toute la Pologne ; le plus important eut lieu à Kielce, en juillet 1946. On accusait encore les Juifs d'avoir besoin du sang d'un enfant catholique pour leurs rites religieux. Les conditions des retours d'URSS des Juifs qui s'y étaient réfugiés, les débats entre les gouvernements polonais et soviétique, les réactions de la population polonaise sont encore trop peu connus et font l'objet de recherches récentes.
Pour de nombreux Juifs, il ne restait alors que la fuite. Après leur départ de Pologne, les rescapés ont passé de longs mois dans les camps pour personnes déplacées, en Allemagne, Autriche et Italie. Personne ne savait qui, de sa famille, avait péri et qui survivait. Après que la majorité des réfugiés des centres de rassemblement, Juifs et non Juifs, ont regagné leurs pays, il restait encore un million de personnes dans les camps de personnes déplacées à la fin de 1945, des « non rapatriables », essentiellement des Juifs qui fuyaient la Pologne et qui ne savaient pas où aller. Même lorsqu'ils le savaient, les restrictions à l'immigration empêchaient leurs voyages. La politique générale de gestion des camps par les Alliés et les restrictions d'immigration instaurées par les pays occidentaux dans l'après-guerre sont décrites et permettent de comprendre pourquoi il a fallu attendre tant de temps pour que les survivants puissent se regrouper.
Les Livres du souvenir (yizker biher) sont une source d'informations sur la vie avant la guerre et sur la période de la guerre. Ils ont été écrits en yiddish ou en hébreu par les habitants des shtetlekh, après la guerre. Les immigrés, regroupés en associations d'anciens de la même bourgade - les landsmanshaftn - ont tissé des réseaux de sociabilité. Ils ont écrit collectivement ces Livres depuis les différents pays où ils s'étaient installés. Ces yizker biher tiennent la place de mémorial et sont une façon de sauver les morts du néant. C'est un outil majeur de la mémoire collective et de la transmission. Longtemps méconnus par la deuxième génération, des recherches et des traductions sont désormais conduites pour les faire émerger à nouveau, pour se réapproprier l'Histoire et les histoires du shtetl.
Dans cette partie
Sont réunis ici des documents touchants à la Pologne après la guerre, aux Camps de personnes déplacées, à la politique de la France en matière de naturalisation après la guerre.
Dans la partie touchant à la Pologne, sont évoqués les pogroms que continuent de subir les Juifs dans ce pays après la guerre, les Centres communautaires tentant de porter assistance aux rescapés, ainsi que les hasards des quotas qui permirent à certains d'émigrer, mais pas à d'autres.