L'antisémitisme en France

La recrudescence de l'antisémitisme en France sépara également Juifs français et Juifs immigrés. L'arrivée en France de Juifs allemands et autrichiens renforça la xénophobie de la droite française.

Dès la mi-1937, un infléchissement de la politique d'immigration s'était amorcé. Puis, à partir d'avril 1938, le gouvernement Daladier prit de nouvelles mesures contre les étrangers : renforcement de la surveillance aux frontières, contrôle accru des naturalisations, limitation du nombre des commerçants et artisans étrangers dans certains secteurs, limitation du nombre des étrangers autorisés à créer des entreprises, expulsion des étrangers sans carte de travail ; toute personne entrée en France sans visa se voyait refuser un permis de séjour, et toute personne sans permis pouvait être immédiatement expulsée.

Des Juifs qui vivaient en France depuis plusieurs années perdaient ainsi leurs moyens d'existence et se voyaient menacés d'expulsion. Ceux qui ne pouvaient acquitter le prix de leur rapatriement étaient envoyés dans des camps d'internement1.

Pour les plus menacés, le quotidien était dominé par les problèmes de subsistance : trouver un revenu et échapper aux contrôles de la police. Parmi ceux qui avaient un statut, certains théorisaient la nécessité que les Juifs ne soient pas trop visibles et ne se mêlent pas trop de la politique française en ces temps de xénophobie.

Sources :
Les Juifs à Paris de 1933 à 1939, David H. Weinberg, Calmann-Lévy, 1974. Les références bibliographiques y sont très nombreuses.
Conférences données par Philippe Boukara à la Maison de la culture yiddish en 2002.
Les Enfants de papier, Didier Epelbaum, Grasset, 2002.

1. La prolifération des textes limitant l'immigration et le travail des immigrés laissait cependant une marge d'interprétation, et les contrôles n'étaient pas toujours efficaces…

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