Le fichier juif, « détruit » et retrouvé
L'histoire du fichier juif, officiellement détruit, puis retrouvé en 1991 par Serge Klarsfeld dans les services du ministère des Anciens combattants, témoigne de l'incapacité de l'administration française à assumer son passé.
Il ne reste aujourd'hui qu'environ 60 000 fiches, sur les 150 000 du fichier Tulard d'octobre 1940, et ces fiches incluent partiellement des fichiers de la zone Sud et des fichiers de 1940, 1941, 1942.
Le fichier originel a été partiellement détruit. Une circulaire du 6 décembre 1946 a ordonné « la destruction de toutes les pièces fondées sur une discrimination de caractère racial ».
La destruction a été effectuée les 15 et 16 novembre 1948, puis le 14 décembre 1949, après la fin des travaux de la Cour de justice et des tribunaux militaires pour faits de collaboration.
N'ont été conservées que les fiches qui permettraient aux familles des disparus de demander des renseignements, ou de faire valoir des droits à réparation des victimes.
Seules subsistent donc aujourd'hui les fiches des personnes poursuivies, arrêtées et pour la plupart déportées.
Dix fichiers ont été transmis au ministère des Anciens combattants : fichier général, fichier des enfants déportés, fichier du camp de Drancy, fichier du camp de Pithiviers, etc. (voir le repère sur les camps français ).
Ils ont été regroupés sous le nom du « grand fichier de la préfecture de police ».
Ce sont ces fichiers que l'administration française a longtemps nié détenir.
À la suite de la découverte de Serge Klarsfeld, la commission présidée par René Rémond (1996) puis la mission Mattéoli (2000) ont examiné le contenu des fichiers.
Ces fichiers sont entreposés au CDJC (Centre de documentation juive contemporaine, Mémorial de la Shoah) et leur copie est consultable aux Archives nationales (voir la fiche méthodologique sur les archives françaises).