L’utilisation des fichiers dans l’organisation de la rafle du Vel' d’Hiv'. (Extraits des circulaires)
4 juillet 1942 :
Les 22 000 Juifs à arrêter dans un premier temps représentent le 1/5 des Juifs devant être pris en considération à Paris. Ce nombre est répercuté en pourcentage suivant le nombre de Juifs se trouvant dans chaque arrondissement, de sorte qu’il est possible d’établir à l’avance le nombre de Juifs à arrêter dans chaque arrondissement.
7 juillet :
Le service de M. Tulard fera parvenir à la direction de la police municipale, les fiches des Juifs à arrêter, et ce, pour jeudi soir dernier délai.
8 juillet :
Les fiches répondant aux critères fixés seront extraites du fichier et classées par arrondissement, par des inspecteurs de la préfecture, de la police antijuive et par des auxiliaires féminines. Puis ces fiches seront remises à M. le directeur Hennequin (de la police municipale) qui les fera suivre aux commissaires d’arrondissement. Ceux-ci auront à procéder aux arrestations, d’après les fiches, et à rendre celles des Juifs qu’ils n’auront pas trouvés.
12 juillet :
Les gardiens et inspecteurs chargés de l’arrestation rempliront les mentions figurant au dos de chacune des fiches : indication de l’arrondissement ou de la circonscription du lieu d’arrestation. (« Arrêté par », en indiquant les noms et service de chacun des gardiens et inspecteurs ayant opéré l’arrestation).
13 juillet :
Chaque israélite (homme et femme) à arrêter fait l’objet d’une fiche. Ces fiches sont classées par arrondissement et par ordre alphabétique. Vous constituerez des équipes d’arrestation. Chaque équipe sera composée d’un gardien en tenue et d’un gardien en civil ou d’un inspecteur des Renseignements généraux ou de la Police judiciaire.
Chaque équipe devra recevoir plusieurs fiches. A cet effet, l’ensemble des fiches d’un arrondissement ou d’une circonscription sera remis par ma direction ce jour à 21 heures.
Vous ne transmettrez que le 18 au matin : 1) les fiches des personnes dont l’arrestation aura été opérée ; 2) les fiches des personnes disparues ; 3) les fiches des personnes ayant changé d’adresse, et dont la nouvelle résidence est connue à moins que cette dernière ne se trouve dans votre arrondissement. Enfin, vous conserverez pour être exécutées ultérieurement les fiches des personnes momentanément absentes lors de la première tentative d’arrestation.
Cette opération valable pour les Juifs allemands, autrichiens, polonais, tchécoslovaques, russes, apatrides ou de nationalité indéterminée, s’est renouvelée par exemple le 14 septembre 1942 pour les Juifs lituaniens, estoniens, lettons, yougoslaves, bulgares et hollandais ; le 24 septembre pour les Juifs roumains ; le 29 septembre pour les Juifs belges ; le 5 novembre pour les Juifs grecs ; le 10 février 1943 pour toutes les nationalités précédemment désignées ; le 22 janvier 1944 pour les Juifs de toutes nationalités à l’exception des Argentins, des Turcs et des Polonais ; le 28 janvier pour les Juifs argentins ; le 4 février pour les Juifs polonais.
Source : Préface de Serge Klarsfeld, Le Fichier, Annette Kahn, Robert Laffont, 1992.